Premiers souvenirs...

[HRP : J'en ai marre de ne plus avancer là dedans donc peut-être qu'en postant le début ça me motivera pour finir... 'Fin bon j'espère merde. ^^
Donc voila un petit background de Lestat, une sorte d'explication à son état mental actuel.
Ceci est le texte 'intégral' que je ne peux clairement pas mettre sur le forum d'IW, z'êtes prévenus, ce n'est pas à faire lire à vos gosses. =D]




La lumière aveuglante.
Les cris assourdissants.
Les couleurs violentes.
Premiers souvenirs...

Ainsi débuta une vie, comme toutes les autres...
Ma vie.


Brutalisé par des mains maladroites, torturé par la faim, je découvrais peu à peu le Monde qui m'entourait.
Ma mère... Vieille et usée par la vie, j'étais son sixième enfant. Lorsque je voyais ses seins je m'imaginais plutôt être le centième.
Masses roses informes pendantes, source de vie parfois absente.
Mon père... Vieil homme barbu travaillant la terre, ses mains calleuses râpaient ma peau tel du papier de verre.
Alcoolique... Absent... Violent...
Chaque soir je le voyais faire l'amour à ma mère, l'obligeant chaque soir, la bâillonnant lorsqu'elle criait de douleur.
Je l'ai haï... Tellement fort...

Nous ne pouvions partir, ma mère était vieille, mes frères jeunes et frêles.
Seuls, nous étions morts. Ici, nous étions ses jouets.



Les années passèrent, peu à peu la haine grandissait...

Les journées passaient lentement... Le soleil se levait, brûlait la peau de mon dos, puis redescendait pour me faire grelotter en attendant à nouveau le lever du jour.
Pourquoi ce soleil me haïssait-il tant ? Moi qui le regardait plein d’espoir lorsque je n’étais
encore qu’un enfant à peine apte à marcher par lui-même…
Pour tenter d’occuper ces journées mornes je me pris d’affection pour un petit animal, un écureuil que j’avais découvert dans un piège. Cette petite boule de poils si douce… Si gentille… Si chaude… Cela en devenait intolérable… Pourquoi pouvait-elle être si heureuse alors que j’étais si triste ? Si vivante alors que je sentais en moi mon âme agoniser lentement ?
Je me mis à le brutaliser…
À le priver de nourriture…
À le torturer…
À le caresser…
Cela dura des semaines. Des semaines durant lesquelles mon père n’exista plus, mes frères au regard vide n’existaient plus, ma mère boitillant chaque matin en tentant de ne pas geindre de douleur… N’existait plus…
Seule comptait cette petite parcelle de vie mise en cage, cette petite créature tentant vainement de survivre à mes caprices.
Je me sentais Dieu tout puissant, décidant la vie et la mort de ses jouets impuissants…
Puis un matin alors que je me dirigeai vers la cage de mon protégé, dissimulée dans un angle de la bâtisse, à moitié enterrée pour étouffer les éventuels cris, je remarque que celui-ci était mort … Mon seul jouet dans cet univers morose venait de s’en aller…
Un instant je ne pus bouger, admirant le spectacle de ce petit être ayant enfin trouvé le repos… Enfin froid et inanimé.
Une bourrasque fraîche me fit reprendre mes esprits, je ne pouvais pas le laisser là…
Un instant je pensai à jouer une nouvelle fois de lui mais il était déjà froid et son odeur me rebuta…
« Dommage… » Dit simplement une petite voix dans ma tête, il me faudrait un nouveau jouet désormais…
Tant de moments passés… Tant de souvenirs agréables… Ca serait dommage de le laisser pourrir et d’oublier tout ça…
Une cuillère, beaucoup de sang, de la paille, beaucoup de mouches.
Mon premier jouet avait fini de m’amuser, désormais il resterait là, pour me rappeler tous ses bons moments…
Satisfait de mon œuvre je partis à la recherche de nouveaux jouets, le champ de mon père avait été infesté de mulots récemment…
Les années passèrent.
Mes jouets devenaient de plus en plus nombreux, je m’amusais toujours longtemps avec eux, pour voir ce qu’ils pouvaient endurer… Ceux qui mourraient trop facilement ne m’amusaient pas et je les dépiéçait violement puis me servait de leurs morceaux pour attirer de futurs hôtes.
J’avais désormais 17 ans, dans trois mois je serais majeur…
Je redoutais ce jour… C’était un jour spécial, je le savais… Mon père réservait une surprise à chacun de ses fils pour le jour de leur majorité… Aucun de mes frères n’étaient resté les mêmes…
Trois mois encore…

La pâle lumière de la nuit déclinait lentement tandis que le ciel se teintait de rose à l’approche de l’aurore, mes yeux se fermaient et la fatigue se faisait de plus en plus présente.
Une nouvelle nuit passée à chasser les animaux qui peuplent la forêt non loin d’ici, depuis un mois j’avais pris cette habitude. Je me reposais le jour et partais chasser la nuit, mes frères avaient désormais trop peur de moi pour me pousser à aller travailler, ils devaient se surpasser pour que notre père ne remarque rien… Un jour ils avaient bien tenté de me réveiller, j’étais d’une pâleur atroce et mes yeux brûlaient d’un feu sans vie, des crépitements avaient parcourus mes doigts, faisant trembler la pièce et hurler d’horreur mes frères.
Ce fut leur seule tentative. Ils me fuyaient avec plus de crainte que lui désormais… Cela m’amusait de les voir s’éloigner précipitamment lorsque je m’approchai d’eux…

Mes frères… L’étaient-ils encore réellement ou étais-je devenu quelque chose d’autre… ?
Cette nuit là j’avais réussi à tuer un jeune faon qui s’était éloigné de sa mère, ce fut fort enrichissant. Ce qui n’avait été à la base qu’une fascination morbide était devenu une source de pouvoir et de découvertes, ma curiosité ne se satisfaisait désormais plus de ses simples amusements avec des corps inanimés. Quelque chose de nouveau était en moi, je sentais l’esprit de ces animaux morts flotter au dessus de leurs corps, je sentais ce pouvoir en moi qui grandissait… Je m’amusai encore avec mes jouets, ces chères poupées inanimées qui étaient désormais les seuls individus dont j’acceptai la présence.
Grâce à ces nouveaux pouvoirs en moi, sur lesquels je n’avais encore aucun contrôle, certaines choses avaient changées, certains jouets étaient… Différents… Comme si l’esprit des animaux qu’ils avaient été par le passé était entré à nouveau en eux. Des dizaines de voix dans ma tête se disputaient à grand cris, seule une voix sortait du lot… La voix d’un jeune enfant qui était devenu mien il y a six jours.
Il venait d’être abandonné par sa famille, sûrement des fermiers n’ayant plus assez de nourriture pour s’occuper de lui. Il était à bout de forces et n’aurait pas survécu une lune de plus. Ahhh… Quelle rencontre amusante… Sa façon de se tordre de douleur, de gémir, de supplier… Un délice… Et désormais cette voix dans ma tête… Elle semblait avoir pris une bonne vingtaine d’année en pénétrant mon cerveau. Il y avait encore les accents du jeune enfant mais désormais cette voix était bien différente… Une voix forte et glacée…
Je clignai une dernière fois des yeux puis le sommeil s’empara de moi.

Ils étaient là, tous autour de moi. Tous…
Des dizaines et des dizaines, peut-être même une centaine de jouets. Ils me fixaient de leur regard vide au fond duquel brillait une lueur d’intelligence et d’adoration.
D’un même mouvement ils s’inclinèrent, se prosternant devant moi, devant leur maître.
« Ô Lestat, toi qui a changé nos vies, joue avec nous. »

Le grincement de la porte mit fin à ce rêve délicieux, mes yeux s’ouvrirent aussitôt et la lumière du soleil me brûla la rétine.
Maintenant une main devant mon visage je me levai d’un bond et hurla d’une voix rauque à force d’être inutilisée.

« Je vous avais dis de ne plus me réveiller ! Vous tenez vraiment à… »
La fin de la phrase mourut dans ma gorge à l’instant où le poing droit de mon père se fracassa sur ma joue, m’envoyant contre le mur dans un bruit sec.

« Qu’est ce que tu fous ici ? Pourquoi tu n’es pas en train de bosser ? Tu penses peut-être pouvoir te reposer ? »

Un deuxième coup me cueilli au ventre, finissant de crisper chacun de mes muscles.
Toujours aveuglé et haletant je tentai de me redresser alors que la douleur fusait, cela faisait tellement longtemps que je ne l’avais plus ressentie.
Je me préparai à recevoir un nouveau coup qui n’arriva pas et entre mes doigts je vis sa silhouette floue au dessus de moi, le poing baissé cette fois ci.

« Je ne sais pas comment tu as pu oser ça… Mais je te punirai plus tard… Aujourd’hui tu vas être un homme et tu dois accomplir quelque chose, après ça je pourrai te frapper sans retenir mes coups… Suis-moi et vite, tu ne perds rien pour attendre espèce de petite larve. »

Au son de sa voix des dizaines de souvenirs m’assaillirent soudainement, tant de souvenirs qui semblaient enfouis depuis que j’avais commencé à … Changer.
Lui me frappant, Lui frappant ma mère, Lui et ma mère… Mes anciennes peurs remontèrent alors que je me remettais debout péniblement.
Il me poussa pour que j’avance plus vite, je ne vis pas exactement où il m’emmenait à cause de cette lumière éblouissante à laquelle je n’étais plus habituée.
Il me poussa une nouvelle fois et je m’effondrai contre une porte.
Mes idées toujours en pagaille je sentis cette voix au fond de ma tête qui me disait de me relever, de serrer les dents et de Lui faire face.
Un rire gras derrière moi fit battre mon sang, la porte s’ouvrit et dans la pénombre je parvins à voir ma mère. Des larmes perlaient sur son visage et je vis qu’elle était attachée par les pieds.
Mon père entra à ma suite et ferma la porte à l’aide d’une clef, en tournant la tête je vis son sourire, il me donnait envie de vomir… Ce sourire que je supportai depuis désormais 18 longues années…

« Lestat, tu as de la chance, ta mère était enceinte mais elle a accouchée il y a trois jours d’une fille que j’ai tué dans la forêt, à quoi pourrait bien me servir une fille ? Enfin bref, cela sera plus simple pour toi que pour certains de tes frères. »
À nouveau ce rire gras qui alimentait la voix dans mon esprit qui me hurlait de me retourner.
Je serrai les dents pour tenter de la faire taire et me mordit la langue, le goût du sang envahit ma bouche et annihila ma raison.
Je restais là, debout, tremblant et respirant avec force en revoyant les scènes de certaines nuits passées en forêt.

« Tu vas devenir un homme désormais et je tiens à vérifier que tu ne me feras pas honte auprès des femmes, tu te doutes de ce que tu dois faire n’est-ce pas ? »

À présent la voix me hurlait de le tuer, je ne parvenais plus à lui résister, je ne me contrôlai plus…
Les tremblements dans mes bras augmentèrent et mon père le remarqua, un nouvel éclat de rire sortit de sa gorge, un dernier…
Des étincelles bleutées crépitaient au bout de mes doigts et l’air lui-même se mit à trembler, Son rire cessa enfin bien qu’il fût trop tard…
D’un bond je me retournai pour Lui faire face. Dans mes yeux brûlait une haine sans nom et mon visage ne ressemblait plus du tout à celui qu’il était quelques instants auparavant, mes traits étaient déformés par cette envie de sang, de meurtre, de vengeance…

Il écarquilla les yeux à cette vision et hurla en tentant d’ouvrir la porte.
Il hurla une fois.
Une seule.

Très visuel comme récit. Bien rythmé et agréable à lire, on est suspendu à chaque pensée, chaque geste de ton personnage.

Ca mérite d'être posté sur le forum, aucune règle ne s'y oppose, Didou confirmera je pense. Quant à la pudeur et la décence, laisse ces filles de joie dans leur ruisseau et permet aux autres immortels de gôuter les plaisirs pervers de tes récits amers.

Thanks Lilyth. =)
Sorry de ne pas avoir répondu mais je ne voulais pas faire un message only HRP, falait que je te réponde en écrivant une suite et hm, avec ma vitesse d'écriture... =D

J'ai enfin eu une pulsion, j'ai la 3e partie et le début de la 4e avec quelques idées pour la suite.
Par contre c'est toujours pas postable sur le forum d'IW... =/





Le sang…
Sur mes mains… Par terre… Dans mes pensées… Dans cette voix… Partout…
Son sang.

Je ne voyais plus rien, je ne me rappelais plus de rien…
Où étais-je ? Pourquoi respirais-je si vite ? Pourquoi étais-je aveuglé ?
Pourquoi y avait-il cette haine en moi qui semblait ne jamais vouloir se calmer ?
Cette voix… Elle était toujours présente... Elle inondait mon cerveau de paroles, me disant que j’étais devenu quelqu’un de fort, quelqu’un de puissant et que nous ferons de grandes choses… Nous ? Comment ça ‘Nous’ ?

Un bruit de chaînes me fit soudainement revenir à la réalité, je vis mon père allongé devant moi… Son corps lacéré, son visage méconnaissable et son entrejambe ne ressemblait plus à quelque chose d’humain, on aurait dit qu’un animal sauvage avait commencé à le dévorer mais s’était arrêté au milieu de son repas…
Mes mains étaient rouges de son sang, elles me grattaient atrocement mais cela ne me dérangea pas, je n’y pensais même pas.
Je m’accroupis à côté de lui et regarda son visage pour la première fois depuis très longtemps, ses yeux étaient révulsés et je puis y lire une immense terreur… Bien plus grande que celle que j’avais pu observer dans le regard de mes jouets agonisants…
Cette vision m’enchanta, j’étais ainsi devenu ce que cette voix me disait…
« J’ai tant rêvé de cet instant… J’aurai aimé pouvoir me contrôler afin que cela dure… J’aurai tant aimé me venger pour tout ce que tu nous as fais… »
À nouveau ce bruit de chaîne tinta à mes oreilles, je me relevai d’un bond pour constater qu’il ne s’agissait que de ma mère acculée dans un coin de la pièce, elle me regardait avec effroi et tentait de se cacher à moi…
La voix hurla aussitôt que tout était sa faute, qu’elle le laissait faire, qu’elle fermait les yeux… Et elle avait raison… J’étais son sixième enfant et elle n’avait jamais rien fais contre Lui… Elle le laissait faire, elle était comme Lui ! Elle ne méritait pas mieux !
Ma voix emplit la pièce toute entière, ne laissant aucun espace où elle aurait pu se réfugier pour ne sentir les coups de couteaux qui la lacéraient à travers mes mots.
« Toutes ces années tu n’as rien fais pour nous protéger ? Tu le laissais faire et tu ne disais rien ! RIEN ! Vous êtes horribles tous les deux, je vous hais ! Je vous hais ! JE TE HAIS ! JE VOUS HAIS ! »

Au fur et à mesure que ma voix enflait je sentais à nouveau cette énergie affluer en moi, crépiter au bout de mes doigts et enflammer mon esprit.
Elle ne cria pas, elle n’en eut pas le temps.
Ma colère se déchargea sur elle tel un éclair s’abattant sur un arbre, elle n’avait aucune chance d’y survivre.
Cette fois ci je vis mon œuvre. Je vis son visage, je vis ses yeux…
Tout son corps fut ravagé par ma fureur, telle une pestiférée son corps se couvrit de pustules et de nombreuses cloques étaient apparus sur ses mains et son visage…
« Aller, une dernière fois, en souvenir du passé… »
- Mais… Pourquoi ?
- Fais ce que je te dis ! »

Cet ordre avait été si brutal qu’il prit soudainement possession de mon corps, sans même me laisser la possibilité de l’en empêcher. Je m’approcha du corps encore chaud de ma mère avec un sourire aux lèvres, elle avait déjà une odeur de cadavre putréfié mais mes chers jouets m’avaient appris à supporter sans peine cette odeur.
Arrachant d’un coup sec sa chemise usée par le temps je mis à jour ses vieux seins fripés, vieillis par des milliers de petits coups de dents d’enfants affamés.
« Ils n’ont pas changés depuis le temps… Peut-être encore un peu plus mous… »
En riant je vérifia la texture, laissant une trace sanglante sur sa poitrine.
« Et oui ! Je ne pensais vraiment pas cela possible… Comme quoi je peux me tromper… Parfois. »

Aussi subitement qu’il m’avait possédé, je repris le contrôle de mon corps et resta plusieurs secondes à fixer le sol sans vraiment comprendre…
Il ne faisait pas qu’être dans ma tête… Il était moi… Une partie de moi…
Il est… Moi…
Je… Qui… S’il est moi, qui étais-je…?
« Chut, ne te tracasse pas pour l’instant, nous sommes tous les deux ce ‘nous’, ne t’inquiètes pas… Trop longtemps tu m’as mis de côté mais désormais je suis là et je ferais de nous quelqu’un de grand, Lestat, quelqu’un de grand tu m’entends ! Pour l’instant nous avons encore de la famille à aller voir… N’oublie pas ce qui bouillonne en toi depuis trop longtemps. »


Je marchais avec difficultés, une main devant les yeux pour tenter de voir quelque chose au travers de ce rideau de lumière. Une main d’où s’échappait l’odeur du sang tiède, cette odeur qui attisait ce besoin de vengeance brûlant, cette haine pure et totale, une odeur qui me conduisait vers mes frères.
J’entendis les bruits de la terre que l’on racle et je sentis leurs odeurs bien avant de les apercevoir, cela faisait bien trop longtemps que je ne m’étais pas confronté au soleil et il restait pour moi un adversaire de taille…
Les bruits s’arrêtèrent, les odeurs changèrent, ils m’avaient vus.
En les imaginant tous en cercle autour de moi, tremblant à ma simple vision je ne pus retenir un rire hystérique, un rire dément qui ne fit qu’accentuer leur terreur.
Dire qu’avant j’étais un petit frère maigrichon, une bouche à nourrir qui ne rapportait pas grand-chose, un enfant luttant pour sa survie…